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Déraillement d'un TGV en Alsace: 10 ans après, les leçons d'une catastrophe
information fournie par AFP 12/11/2025 à 13:27

Des secouristes sur les lieux du déraillement la veille d'un TGV à Eckwersheim, près de Strasbourg, le 15 novembre 2025 dans le Bas-Rhin ( AFP / FREDERICK FLORIN )

Des secouristes sur les lieux du déraillement la veille d'un TGV à Eckwersheim, près de Strasbourg, le 15 novembre 2025 dans le Bas-Rhin ( AFP / FREDERICK FLORIN )

Le 14 novembre 2015, une rame d'essai du TGV Est déraillait près de Strasbourg, faisant 11 morts et 42 blessés. Dix ans après, la SNCF affirme avoir tiré les leçons de cette tragédie pour renforcer la sécurité, ce qui n'atténue qu'à la marge la douleur des proches de victimes.

Au lendemain des attentats de Paris, la catastrophe était passée au second plan de l'actualité, mais comme chaque année, des survivants et des proches des disparus ont prévu de se réunir vendredi sur les lieux de l'accident, à Eckwersheim, à 20 kilomètres au nord de la capitale alsacienne.

Des représentants de la SNCF ont également annoncé leur présence dans ce "jardin du souvenir" aménagé à l'endroit où le TGV, qui roulait trop vite dans une courbe, avait déraillé, percuté un pont et basculé dans le canal en contrebas.

Au moment de l'accident, le train circulait en survitesse pour tester l'infrastructure de la voie en vue de son raccordement prochain au réseau ferré.

Dix ans après, "nous avons pris toutes les mesures nécessaires pour qu'un tel événement ne puisse jamais se reproduire", affirme à l'AFP Jacques Damas, directeur des risques et de la sécurité pour le groupe SNCF.

Après l'accident, l'entreprise s'est dotée d'un "comité d'experts internationaux" qui continue à la conseiller pour améliorer la prévention et la sûreté.

Concrètement, il n'est plus possible d'inviter dans une rame d'essai des personnes dont la présence n'y est pas nécessaire, comme cela avait été le cas en 2015.

Par ailleurs, les procédures de sécurité ont été revues, détaille M. Damas: désormais pourvues d'un système de freinage automatique en cas de vitesse excessive, les rames sont testées au maximum à la vitesse nécessaire pour être homologuées - et pas au-delà.

Enfin, avant de démarrer un essai, les équipes impliquées prennent part à un "briefing" mieux formalisé, basé sur les conclusions d'une analyse des risques réalisée en amont.

- "Culture de prévention" -

Toutes ces mesures, "ça ne fera pas revenir mon père", commente Nicolas Heury, le fils d'un cheminot décédé dans l'accident. Cependant, concède-t-il, "je suis très content que d'autres personnes n'auront pas à vivre" une telle catastrophe, du fait des nouvelles normes de sécurité.

Des secouristes sur les lieux du déraillement d'un TGV à Eckwersheim, près de Strasbourg, le 15 novembre 2025 dans le Bas-Rhin ( AFP / Frederick FLORIN )

Des secouristes sur les lieux du déraillement d'un TGV à Eckwersheim, près de Strasbourg, le 15 novembre 2025 dans le Bas-Rhin ( AFP / Frederick FLORIN )

Celles-ci étaient d'autant plus nécessaires que la SNCF a fait preuve d'un "amateurisme frappant", estime M. Heury.

Sur le plan pénal, l'entreprise a été condamnée dans cette affaire, l'an dernier à Paris, à une amende de 400.000 euros pour "homicides et blessures involontaires par maladresse, imprudence, négligence ou manquement à une obligation de sécurité". La société d'ingénierie Systra, chargée des essais, SNCF Réseau (chargée de la gestion de voies), ainsi que le conducteur du train accidenté et un de ses collègues, ont également été condamnés.

Durant les neuf semaines de procès, les mis en cause n'avaient cessé de se renvoyer la faute - un déni systématique qui avait exaspéré les endeuillés et rescapés. Le parquet, de son côté, avait dénoncé un "aveuglement collectif" et "une série de décisions absurdes".

"Malgré un profond désaccord avec les motivations du tribunal", la SNCF a finalement renoncé à faire appel, "par respect pour les victimes".

Pour Sophie Sarre, qui défendait la famille d'une jeune femme décédée dans l'accident, ce dossier a montré que "la gestion du risque était largement imparfaite" à la SNCF.

Les victimes, "bien sûr, ont une forme de satisfaction à l'idée que les processus aient été réévalués, mais c'est une piètre consolation", commente-t-elle.

Pour l'avocate, "cette catastrophe n'aurait jamais dû se produire", et le fait que la SNCF ait amélioré ses procédures de sécurité démontre, a posteriori, qu'elles étaient insuffisantes.

Dans ce genre de dossier, "il est courant que les entreprises n'assument pas leurs fautes", observe Marie-Claude Desjeux, vice-présidente de la Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs (Fenvac).

Si des procédures plus strictes sont évidemment les bienvenues, estime cette responsable, l'association oeuvre à renforcer la culture de la prévention, car "on ne doit pas attendre qu'il y ait des morts pour que les entreprises prennent conscience des failles de sécurité".

1 commentaire

  • 14:35

    C'est une "entreprise du service public" cette fameuse vache sacrée défendue bec et ongle par les syndicalistes , pas une affreuse boite capitaliste ... Ah oui, manque de moyens, ça explique tout , même la k.nnerie ?


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